Aujourd’hui, pour évoquer un sujet terrible,  je passe la parole à Virginie 


 

Je suis très reconnaissante à Sonia de me prêter sa plume de blogueuse. 

C’est en nous lançant dans l’aventure du blogging que nous nous sommes rencontrées. Je suis touchée par sa joie de vivre qui ne nuit en rien à sa volonté de secouer deux ou trois tabous au passage, comme en témoignent ses articles. 

C’est donc dans cet esprit qu’elle m’accorde cette place pour parler d’un tabou de plus : la violence durant la grossesse. Car si vous n’êtes pas directement concernées, vous êtes certainement dans une tranche d’âge ou dans un entourage où vous rencontrez d’autres femmes enceintes ou des mères de jeunes enfants. 

Grossesse et violence conjugale sont liées

Mes enfants sont grands, mais pas encore parents, je suis donc dans une phase de vie où les femmes enceintes sont des ovnis (Sorry !) Celles que je rencontre, c’est dans un contexte très différent : celui de la violence conjugale. 

Entendons-nous bien : la violence conjugale ne se limite pas aux coups et blessures, elle commence avec la manipulation et la violence psychologique (dénigrement, isolement, harcèlement, etc.) et peut escalader en devenant physique, sexuelle, économique… 

Si j’écris ici aujourd’hui, c’est pour vous inciter à garder les yeux ouverts. 

Qu’il s’agisse d’une copine, de votre cousine, d’une fille qui se prépare à l’accouchement dans le même groupe que vous ou de votre voisine de palier, si vous avez des doutes, si vous pensez qu’une femme enceinte est peut-être maltraitée… ne tournez pas les yeux de l’autre côté ! 

 

La violence durant la grossesse est particulièrement bien cachée. 

Pas étonnant ! D’un côté, on engage toute sa vie — à ses propres yeux et aux yeux du monde — pour fonder un foyer. Et du côté privé, entre les murs, l’impensable se passe. 

Parfois d’une manière si pernicieuse que la victime ne sent pas le dérapage. 

L’écart entre la réalité et ses pensées est tellement gigantesque (dissonance cognitive) qu’inconsciemment elle « adapte » la situation à son avantage… et se dit que ce n’est qu’une histoire de disputes durant la grossesse : « C’est mes hormones, je ne suis plus sexy, c’est la pression financière du bébé qui vient… ça ira mieux après la naissance. »  Mais ce n’est pas vrai. 

Les conséquences de la violence durant la grossesse

Nous savons désormais par des données chiffrées que les conséquences de ces situations sont dramatiques. 

 

Les faits à retenir sont : 

  • La violence commence pendant la grossesse dans 40 % des cas et elle augmente dans 40 % (même niveau pour les 20 % restants). 
  • Trois fois plus de naissances prématurées. 
  • Trois fois plus de bébés nés (à terme) en sous poids. 
  • Et surtout des conséquences psychologiques sur l’enfant dès le plus jeune âge, car le stress et la souffrance de la mère nuisent gravement au processus d’attachement mère-enfant. 

  

Le drame de grandir dans un environnement aussi toxique n’est plus à prouver. Les enfants se construisent mal psychologiquement et le problème devient un cercle vicieux puisqu’ils transporteront à la génération suivante leurs comportements dysfonctionnels. Nous sommes tous concernés, car ces bébés seront un jour les compagnes et compagnons de nos propres enfants. 

Que faire pour aider une victime

C’est évidemment la question délicate… 

Car nous ne pouvons jamais forcer quelqu’un à accepter de l’aide, surtout quand cette personne n’est pas elle-même consciente d’avoir un problème. La violence durant la grossesse, c’est très difficile à vivre, c’est aussi très difficile à admettre pour la victime. (Je suis bien placée pour le savoir, je l’ai vécu…) 

Alors… ne rien faire ? Non ! 

Mais fermer les yeux, c’est encourager la victime à continuer de se dire que tout est dans sa tête, qu’elle dramatise et que c’est pareil chez tout le monde. 

  

Mes principaux conseils sont : 

  • Remettre les pendules à l’heure avec respect, voire avec humour, si vous êtes témoins de mots ou gestes dénigrants. « Ah, ah, moi si Jules me parlait comme ça, il serait de corvée de pomme de terre toute la semaine ! Viens, Marcel, je t’emmène faire les épluchures chez moi… » (Exemple à adapter, bien sûr, ce n’est pas une attaque frontale, mais il peut rappeler à la victime où les limites sont, chez les autres.) 

  

  • Garder le contact, même si l’amie ou la cousine s’isole. Sans demander ni attendre de confessions ou d’explications, répéter régulièrement que vous êtes là pour elle. Quitte à la voir en tête à tête si son compagnon a tendance à l’isoler, ou à continuer à prendre de ses nouvelles, même quand ce n’est jamais elle qui appelle. (C’est merveilleux si, le jour où elle a besoin d’aide, elle a encore un numéro de téléphone dans son carnet et c’est le vôtre.) 

  

  • Vous renseigner sur les services d’aides et associations dans votre localité ou région, voire les refuges. Vous renseigner sur les mécanismes de la violence, pour pouvoir prendre du recul. Ça prend peu de temps et vous ne serez pas totalement démunie, si un jour on fait appel à vous. 

  

  • Écouter et valider les récits et émotions de la victime si elle se confie à vous, en acceptant qu’elle n‘est peut-être pas prête à chercher des solutions. 

 

Quoi qu’il en soit, respectez toujours votre intégrité, vos valeurs et votre niveau d’énergie. On ne peut aider personne en coulant soi-même.  

Enfin, j ’aimerais conclure sur une note positive, c’est l’esprit aussi de mon blog. La vie nous envoie des épreuves, et c’en est une aussi d’être proche d’une personne victime de violences. Le bruit fait par les médias et les mouvements sociaux pointent les failles du système, tant mieux, c’est un pas vers le progrès. 

Mais dans ce brouhaha, nous oublions de voir que les solutions existent, même si elles ne sont pas parfaites. Il y a de nombreuses manières de sortir d’une telle situation et de se faire aider. Ce n’est pas facile, mais c’est souvent la seule voie pour une maternité sereine(et la maternité ne s’arrête pas à l’enfant en bas âge !) 

 

Alors le plus beau cadeau que nous pouvons faire à nos enfants est d’être une mère équilibrée et heureuse. 

C’est aussi le plus beau cadeau que nous puissions nous faire. 

(Je m’appelle Virginie Loÿ. Je suis l’ancienne victime d’un mari psychologiquement abusif et violent. Je suis conseillère sur une ligne de soutien téléphonique et j’accompagne des personnes qui veulent se libérer de relations abusives. Je rédige le blog : Une chose par jourdans lequel je donne des informations et des outils pour se libérer d’une relation abusive ou violente et se reconstruire.) 

  

Merci beaucoup à Virginie pour cet article. Il est tellement important de pouvoir parler de cette forme de violence, tout comme celle faite aux enfants que dénonce notamment Andréa Bescond. 

Merci à ces femmes qui se battent pour faire bouger les choses, je suis si fière d’être à vos côtés. 

N’hésitez pas à liker cet article, à le partager, à en parler autour de vous afin de libérer la parole ! 

Sonia☆☆☆ 

Photo de sonia duchesne debout regard vers le haut

Crédit photos : Jean-François Chapuis 

2 réponses

    1. Bonjour Caroline, c’est vrai que c’est un sujet vraiment délicat. Il est difficile de savoir comment venir en aide aux victimes et dans cet article Virginie nous livre des conseils précieux.

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