Un sujet encore tabou que beaucoup d’entre nous vivent dans le silence
Premièrement, ça fait très longtemps que je voulais écrire un article sur ce sujet délicat qui me touche.
Deuxièmement, hier soir alors j’assistais à une magnifique soirée entre amis, deux couples m’ont appris qu’ils attendaient un bébé et un autre que la femme avait récemment fait une fausse couche.
Je me suis alors dis qu’il était temps que je partage avec vous mes expériences à ce sujet.
Les lois de la nature
Tout d’abord, j’ai été très émue par ces nouvelles, ensuite cela m’a rappelé, une fois de plus, combien la vie était fragile et précieuse. Il me semble que l’on ne peut pas grand-chose face à la loi de la nature, si ce n’est accepter.
Mes fausses couches
Je suis maman de 2 enfants mais en réalité, je suis la maman de 5 enfants dont 3 qui n’ont pas vécu plus longtemps que quelques mois dans mon ventre. Des enfants que je ne connaitrai jamais.
En écrivant ces lignes, je ne peux m’empêcher de verser quelques larmes. La tristesse de savoir que la vie n’a pas tenue, qu’un petit être était là puis il n’était plus.
Pour le 1er, j’étais assez jeune et j’étais avec un garçon que je n’aimais pas assez. Il me semble que c’était mieux que la nature ait fait ce choix en reprenant la vie.
Pour les 2 autres fausses couches, j’étais avec l’homme avec qui je suis actuellement. Il est le père de mes 2 enfants.
Après 2 ans de vie commune, nous avons décidé de faire un enfant ensemble. Je suis tombée enceinte 3 mois plus tard et nous étions très heureux ! Nous commencions à faire des projets, à imaginer si c’était un garçon ou une fille… Les étapes par lesquelles nous passons tous en fait.
Le choix du prénom
Je me souviens d’une journée où nous nous promenions, nous nous sommes arrêtés sur un banc afin de réfléchir à un prénom. Aussi, nous avons évoqué quelques prénoms qui nous plaisaient puis nous avons fait une recherche sur internet. Après plusieurs évocations, nous sommes tombés sur un prénom africain tellement original (à nos yeux) que nous l’avons adopté !!! C’est un prénom que l’on trouvait joyeux, chantant et poétique. Ainsi, nous avions choisi « BONGSISI » pour le moment.
Nous avons passé quelques mois avec Bongsisi qui grandissait dans mon ventre. Puis, mon homme est parti en déplacement, c’est donc sans lui que je suis allée passer l’échographie des 3 mois quelque jours avant Noel. Au préalable, nous avions déjà fait une échographie de contrôle dans la maternité ou j’étais suivie et tout allait bien à ce moment-là.
Le verdict
C’est lors de cette échographie des 3 mois, que j’ai appris que le petit cœur de Bongsisi ne battait plus. Le verdict tel un coup de massue, une baffe à laquelle on ne s’attend jamais vraiment est tombé. Je me souviendrais toujours de la façon brutale dont la gynécologue me l’a annoncé !
Bien entendu, j’ai d’abord vécu une tristesse infinie, j’étais submergée par un sentiment d’injustice. Ensuite, une grosse déprime et très vite un sentiment de culpabilité et de honte.
En effet, La culpabilité d’avoir provoqué la mort de ce bébé. Sans doute en ayant trop stressé ou encore en ayant fait trop d’efforts, … Mais aussi la honte de ne pas avoir réussi à conserver la vie en moi.
Quelques semaines plus tard, j’ai eu très mal au ventre et j’ai beaucoup saigné, Bongsisi était parti !
« Discipline of Silence » by Lurnorov
Encore une fois
4 mois après cette expérience douloureuse, je tombe à nouveau enceinte ! Joie renouvelée mêlé d’un sentiment de méfiance suite à notre première expérience.
Environ 2 mois plus tard, mon homme se trouve à nouveau en déplacement quand je me réveille en pleine nuit prise de douleur au ventre. Je demande alors à mon père de m’accompagner aux urgences.
Après plusieurs heures d’attente, on m’annonce froidement que le fœtus ne vit plus et que mon corps va l’expulser dans quelques temps. En effet, le lendemain, je suis prise de douleurs violentes et je saigne à nouveau.
Malheureusement pour nous, j ‘ai vécu ces 2 annonces sans mon homme à mes côtés.
Des chiffres
En France, certaines sources parlent d’une grossesse sur 10 qui se termine par une fausse couche lors du premier trimestre, d’autre d’une sur quatre…. Mais, ces chiffres comprennent ils certaines fausses couches qui surviennent sans que l’on s’en rende compte ou sans qu’on ne le dise à personne ?
Pour ce qui est de l’après : une étude publiée dans la revue « Obstetrics & Gynecology « révèle ceci :
50% des femmes ayant fait une fausse couche se sentent coupables. Pire encore, deux femmes sur cinq pensent avoir fait quelque chose de mal. Des ressentis renforcés par le manque de communication et de soutien accordé aux patientes face aux fausses couches.
En effet, 57 % des interrogés déclarent n’avoir eu aucune explication après leur fausse couche.
Cela laisse place à de nombreuses idées reçues :
75% des personnes interrogées pensent qu’un événement stressant peut amener à la fausse couche.
64% pensent que soulever un objet lourd est une grave erreur pouvant causer la perte de l’enfant
5% des sondés imaginent qu’avoir utilisé des contraceptifs oraux peut mettre en danger la grossesse
Enfin, certaines personnes évoquent le fait que le mode de vie d’une femme enceinte influe sur le déroulement de sa grossesse
Pourtant la plupart des fausses couches sont dues à des problèmes génétiques.
Faire le deuil
Mon homme et moi avons eu besoin de leur dire au revoir. Pour cela, nous avons fait une petite cérémonie l’aide d’une bougie et d’une musique que nous aimions. Nous avons parlé à ces bébés, nous leur avons dit au revoir et nous avons pleuré. Il me semble que cela était important !
La vie
4 mois plus tard, je suis tombée à nouveau enceinte (une année très intense en émotions !!!). Je vous avoue que nous n’étions pas totalement sereins suite à nos mauvaises expériences.
Mais nous avons continué à faire comme avant, avec l’espoir que cette fois ci serait la bonne. Effectivement, notre petit Gahbriel est arrivé 9 mois plus tard. Puis, Lyahm quelques années après.
Libérez la parole
Dans ces moments délicats, il est important de pouvoir en parler. Que ce soit à sa famille, à des amis ou encore à un professionnel.
C’est en en parlant à des amis, que les langues se sont déliées et j’ai constaté que la plupart d’entre eux avaient aussi vécu ces expériences douloureuses. Alors, ne restons plus dans le silence des fausses couches ! Le fait d’en parler m’a permis de me sentir moins seule, moins coupable.
D’autre part, j’en ai également parlé à mes enfants. Quand ils étaient dans mon ventre, je leur ai dit qu’il y avait eu des bébés avant eux qui n’avaient pas survécus. Plus tard, quand ils ont eu l’âge de l’entendre pour l’un et quand l’autre m’a demandé pourquoi il n’avait pas de grand frère/sœur je leur ai expliqué.
Il me parait très important qu’il sache que cela est arrivé pour maintenant et pour plus tard s’ils ont à leur tour des enfants.
Cet article est le plus long que j’ai écrit jusqu’à maintenant 🙂 j’en avais des choses à dire sur le sujet !
Si vous avez envie de me dire ce que vous avez ressenti à sa lecture, de partager votre expérience ou des questions, c’est juste en dessous dans les commentaires 😉
Enfin pensez à partager, liker et à s’abonner à la chaine you tube ☆
Merci et à très vite !
Sonia☆☆☆
Crédit photos : Jean-François Chapuis
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Bonjour Sonia,
Tu décris très la culpabilité et la honte que l’on peut ressentir après une FC. Moi c’est la tristesse qui m’a submergée et le « pourquoi moi ? ». J’ai eu du mal à me relever de ma 1ère FC d’il y a quelques mois même si je savais que cela existait …
Je suis de nouveau enceinte et je me refuse à espérer, je laisse juste le temps passé …
Merci d’avoir trouvé les mots …
Bonjour Aline,
Merci beaucoup pour ton message. Je comprends tout à fait tes ressentis et te souhaite beaucoup de courage.
Si tu le veux bien, tiens moi au courant pour cette nouvelle grossesse.
Je t’envoie tout plein d’ondes positives
A bientôt
Sonia
Merci Sonia pour ce bel article, certes ponctué de tristesse mais aussi d’espoir et de vie.
Merci beaucoup pour ton encouragement Jeff. Ca arrive à beaucoup d’entre nous, c’est pourquoi je trouve important d’en parler .
Sonia Danse Prénatale
Merci Sonia pour ce bel article qui reflète bien ce que je perçois au travers de mes rencontres avec les femmes et les couples , je suis sage -femme … mon histoire personnelle est teintée par l’ombre des fausses couches , ma maman a fait 6 fausses couches avant que je m’invite dans son centre pour y grandir et qu elle me donne à la vie . J’ai souvent imaginé la douleur qui avait pu être la sienne et aussi celle de mon père , à l’epoque où il n’y avait ni échographie ni aucun moyen de savoir que la génétique pouvait être la « responsable
«
J’ ai compris il y a quelques temps pourquoi j’avais choisi ce métier de sage-femme , ou plutôt pourquoi ce métier m’avait choisi , je me devais d’accompagner, d’aider de réparer même les femmes en devenir mère afin de pouvoir réparer la mienne ….
Oui merci vraiment pour ce beau témoignage
?? Sylvie
Bonjour Sylvie,
Il s’agit là d’une véritable vocation pour accompagner les couples, les bébés : merci et félicitation!
La sage femme qui nous a accompagné en global pour notre 2eme enfant a été une allié si précieuse!!!!!!!!Merci à vous de nous accompagner.
Belle continuation Sylvie
Bonjour,
Merci beaucoup pour ton témoignage.
Pour ma part, j’ai fait une fausse couche au mois d’août 2017.
Nous ne cherchions pas à avoir un bébé, mais quand j’ai découvert que j’étais enceinte, nous avons décidé de nous laisser porter et d’accepter ce cadeau/surprise de la vie.
Seulement voilà, cette petite étoile éphémère s’en est allé, à seulement 1 mois de grossesse.
La prise en charge médicale a été terrible. Un médecin traitant qui nous a dit que peut être le bébé n’avait pas de bras… Pardon? Nous avons 26 et 30 ans, vous pouvez nous parler comme à des adultes… Un gynécologue de garde qui nous dit que oui c’est une fausse couche mais que l’on peut ressayer le mois prochain ! Oui mais on essayait pas justement. On ne comprend pas. Pourquoi ? Pourquoi t’installer en moi pour repartir si vite?
Et puis les proches qui disent que l’avantage c’est que vous êtes fertiles et que quand vous essayerez vraiment ça marchera.
Suite à tout ça, déprime, incompréhension, désir obsetionnel de tomber enceinte de nouveau. La colère face aux femmes enceintes, même et surtout mes proches…
C’était il y a presqu’un an. Entre temps, j’ai fait le dueil de cette grossesse. J’ai accepté que la vie m’apporte cela. Et je suis heureuse d’avoir porté une étoile éphémère. Nous avons fait de nouveaux projets, une maison notamment. Et aujourd’hui on parle d’avoir un bébé. On ne s’est pas encore « lancé » mais ça va venir. Et j’ai peur, peur de revivre cela, peur de l’encadrement médical. Alors on verra bien. Laissons nous porter et envisager les choses de manière différente, un add peut être ? Je le souhaite plus que tout.
Mais d’abord, profitez à deux, s’aimer et voir ce que la vie nous apportera d’autres.
Cette épreuve m’a grandit et m’a appris que je suis déjà maman, car je porte dans le cœur un enfant qui n’est pas né et d’autres enfants à naître.
Bonjour Tiphaine,
Merci beaucoup d’avoir partagé cette épreuve. Tu sais pour ma deuxième grossesse , nous avons choisi avec mon homme l’accompagnement global par une même sage femme et ça a été extrêmement rassurant, apaisant. Elle nous a guidé avec beaucoup de douceur, de bienveillance et ça fait beaucoup de bien !!!
J’en parle dans cet article : https://danse-prenatale.com/suivi-de-grossesse-pourquoi-jai-choisi-laccompagnement-global/
Je te souhaite une très belle continuation et si tu as envie de partager avec moi, nous la suite de ton parcours ce sera avec joie:)
A bientôt
Sonia Danse prénatale
Je viens de lire ton article sur l’accompagnement global, et c’est très intéressant!
J’aime l’idée d’être accompagnée par la même personne tout le long de la grossesse.
Sinon je pense faire un tour un peu plus complet de ton site!
Et ce sera un plaisir de partager mon expérience en tant voulu.
Merci de permettre de s’exprimer et d’échanger, c’est agréable et libérateur car je ne trouve pas toujours dans mon entourage les personnes avec qui parler, même si je suis bien entourée!
Bonjour Sonia,
je découvre ton article longtemps après sa parution !
J’ai vécu il y a deux mois une fausse couche, à 9 semaines de grossesse. C’était ma première grossesse, et ce fût très difficile, mais le désir de retomber enceinte est toujours très fort. Seulement, je ne sais pas comment faire avec cette boule au ventre qui s’est installée suite à cette épreuve… Malgré ma nature sereine et optimiste, le stress et l’angoisse sont là, et je me pose des questions sur la fragilité de la vie auxquelles je ne pensais pas du tout auparavant ! Je suis très reconnaissante envers mon mari, pour qui ça a été très dur aussi, mais il m’aide beaucoup lors de mes coups de blues et d’angoisse, et il a toujours les bons mots. Et puis lire des témoignages de femmes qui ont vécu ça me font du bien, merci beaucoup pour avoir partagé ton vécu !
J’espère que tout va bien pour ta petite famille aujourd’hui 🙂
Sonia
Merci beaucoup Sonia pour ton message.
Je sais à quel point c’est difficile…Certes, le temps fait son oeuvre mais il faut aussi s’accrocher. Ce qui nous a aidé mon homme et moi, c’est de faire une cérémonie d’au revoir, de les remercier de leur venue, de leur dire qu’on les aime et qu’on les aimera toujours, puis de les laisser partir.
Ensuite, mes autres enfants m’ont aidé,…je leur en ai parlé quand ils étaient dans mon ventre et quand ils sont devenus en âge de comprendre, car je trouve que c’est important qu’il sache.
Je t’envoie plein d’énergies positives et je te souhaite plein de bonheur.
Sonia Danse Prénatale